05/08/2008
LOIRE: Mardi - Parcours initiatique dans la région nantaise
Le temps nous est compté, impossible d'écumer la région à la recherche des viticulteurs et en même temps de découvrir les monuments historiques. Nous faisons donc juste le tour du château des Ducs de Bretagne avant de nous mettre en route pour la région de l'AOC Muscadet de Sèvre-&-Maine. Nous ne le dérangeons que le temps de demander l'adresse et d'acheter un échantillon de ses produits, et nous le laissons continuer à remplir ses fûts. Une recherche internet ultérieure nous en apprend plus sur le produit: "Brassées dans la plus pure tradition, les bières Trompe Souris sont issues de malts et de houblons sélectionnés. Non pasteurisées et non filtrées, elles conservent tous leurs arômes. Bières de triple fermentation, les Trompe Souris s'affinent pendant une garde de trois semaines. Elevées sur lies, elles refermentent naturellement en bouteille. Alors leur léger dépôt est un signe de qualité. Il faut donc les servir délicatement. Plus d'info sur: http://www.brasseriedeladivatte.com Pour la petite histoire, le Muscadet représente 85% de la production viticole de la région. Le vignoble nantais a été décimé en 1709 par un terrible hiver et reconstruit principalement à partir de plants venus de Bourgogne, le Muscadet, aussi appelé Melon de Bourgogne. L'appellation Muscadet s'applique à 4 AOC: Muscadet, Muscadet-Coteaux-de-la-Loire, Muscadet Sèvre-&-Maine, Muscadet-Côte-de-Grandlieu. La méthode de production "sur lie" implique que le Muscadet repose au moins tout l'hiver sur ses levures naturelles de fermentation (lie), ce qui lui donne sa fraîcheur et son pétillant, son "perlant". Première adresse du jour: Domaine Saupin à La Chapelle-Basse-Mer, en AOC Sèvre-&-Maine. Serge Saupin est pépiniériste et fourni les viticulteurs en plants de vigne. Il produit aussi un Muscadet Sèvre-&-Maine sur lie vif et frais qui fait merveille avec des huîtres (cuvée Prestige). Je sais que son vin a un bon potentiel de garde pour avoir bu ma dernière bouteille de 2002 au réveillon 2008. Il nous accueille dans son caveau et nous devisons sur les difficultés de son métier. Nous passons commande de ce frétillant Muscadet. Désireux d'acquérir aussi quelques bouteilles de Gros Plant, nous apprenons avec déception que Serge Saupin a stoppé la production de ce cépage pour se concentrer sur le Muscadet. Mais il nous indique illico l'adresse d'un collègue qui en produit. Nous suivons donc les indications de Serge Saupin et nous arrivons au domaine de Bois Breton chez Jousseaume à La Chapelle-Basse-Mer également. C'est l'heure de l'apéro, et comme souvent chez les viticulteurs, c'est le moment où les potes apparaissent pour remplir leur bidon à même la cuve pour leur consommation hebdomadaire (ou quotidienne, c'est selon). Chouette ambiance où tout le monde trinque et cause de tout et de rien. Et nous faisons l'acquisition de quelques flacons de ce Gros Plant, aussi appelé Folle blanche, une AOVDQS (Appellation d'Origine Vin Délimité de Qualité Supérieure) bien sympathique pour boire sous les tonnelles, ou plus si affinités (notamment avec les fruits de mer). Cépage ancien du vignoble nantais, son nom lui vient du cep de sa vigne dont le pied est épais et charnu. Après un apéro bien arrosé, direction La Levée de la Divatte à Saint-Julien-de-Concelles, à quelques kilomètres de là. Il s'agit d'une "levée", c'est-à-dire une digue, qui longe la Loire sur plusieurs kilomètres. D'un côté la Loire, puis la berge et la digue sur laquelle se déroule une route bordée de l'autre côté de maisons. Parmi ces maisons, quelques restaurants qui proposent des spécialités régionales. Ce serait ici qu'aurait été inventé le beurre blanc par une certaine Clémence Lefeuvre. Ce fameux beurre blanc qui accompagne si bien le sandre et le brochet des tables de Loire. Le restaurant La Divate (avec un seul "t", ben oui) est situé au lieu-dit qui répond au nom merveilleux de Boire-courant (Levée de la Divatte numéro 28). La façade ne paie pas de mine, mais l'établissement est référencé dans plusieurs guides, dont le Routard et le Michelin, qui lui décerne un Bib gourmand ainsi que les deux piécettes indiquant un menu à prix raisonnable. La salle est très chaleureuse, en pierres du pays, avec des fenêtres donnant sur la Loire. Première bonne surprise pour le gastronome toujours à l'affût de spécialités régionales: un menu nous permet de commander en entrée des cuisses de grenouilles ou de l'anguille poêlée à la persillade, et en plat du sandre rôti à la peau & beurre blanc. Un régal. Nous terminons par le Curé nantais & son caramel poivré (cherchez pas d'allusion salaces, c'est un fromage local), et en dessert le crémet nantais aux fraises du pays & coulis de fruits rouges. Deuxième bonne surprise: la carte des vins propose un grand choix de Muscadets et c'est l'occasion de faire des découvertes. Etonnement total: il y a à la carte un Muscadet de 1995 ! En apéro et avec l'entrée, nous optons pour un Clos Armand vielle vigne 2005 sur le conseil éclairé de la patronne. Avec le sandre au beurre blanc, la cuvée Les Blanches vielles vignes 1999 de Michel Libeau. Extraordinaire ! C'est une véritable révélation. Jamais je n'aurais pensé qu'un Muscadet pouvait avoir une telle ampleur, une telle intensité, un tel côté minéral et cela après tant d'années. Nous remercions Sandrine et Bertrand Coulon pour leur accueil chaleureux et leur cuisine goûteuse, et nous nous enquerrons de l'adresse de ce viticulteur qui parvient à produire un Muscadet aussi puissant et qui défie les années: Michel Libeau, Domaine de la Landelle à Le Loroux Bottereau. A titre de curiosité, nous emportons une bouteille de la cuvée L'Astrée de 1995 de ce même viticulteur que nous voulons absolument rencontrer. Comme toujours, il faut un peu chercher avant de trouver. Nous arrivons dans la cour du Domaine de La Landelle et nous sommes accueillis par un jeune gars qui s'avère être François, le fils du propriétaire. Nous nous présentons, avec à la main la bouteille vide de Les Blanches 1999, en disant que nous l'avons dégustée à La Divate et que nous souhaitons en savoir plus. Il nous introduit dans un hangar très bien isolé qui fait office de cellier et de salle de dégustation. Directement il sort toute une panoplie de bouteilles et il ne faut pas longtemps pour comprendre que nous avons affaire à un passionné. Nous demandons ce qui donne ce caractère particulier à leur vin et d'où vient cette capacité de vieillissement étonnante. La réussite d'un tel vin n'est pas le fruit du hasard. D'abord, il y a la vigne: des plants en vieille vigne de 30 à 40 ans. Ensuite il y a le sol, l'orientation et le travail du vigneron. François Libeau nous emmène dans sa Volvo 940 découvrir ses vignes. Il nous montre le sol schisteux, nous explique le travail de labourage, de taille, la récolte qui se fait entièrement à la main, les rendements faibles privilégiant la qualité. Nous sommes aux anges. Nous retournons en salle de dégustation. Les différents vins sont dégustés et c'est dans le verre que tout prend son sens. Le Melon de Bourgogne n'a jamais aussi bien porté son nom. Ici, on dit qu'il "meursaulte". Michel Libeau apparaît à notre table et nous comprenons alors que l'amour du vin se transmet de père en fils. Il nous lit un article sur le Muscadet qu'il garde depuis 1992 dans son portefeuille et que je tiens à retranscrire ici tant il exprime l'émotion que cet homme met dans son vin: "Muscadet. Avant de boire le vin, il faut mâcher le mot. Se le répéter pour se persuader que dans "Muscadet", il y a "guilleret" et "cascade", "amande" et "muscade", un je-ne-sais-quoi de printanier, une vocalise d'avril, un trille de mai. Normal, le Muscadet n'est pas le moindre des affluents de la Loire. Il la rejoint à Nantes, avec l'Erdre et la Sèvre, coulant des coteaux ensoleillés de Vertou, d'Aigrefeuille, du Pallet. Le Muscadet, c'est le doigt tiède que le midi passe au flanc de la Bretagne. Après avoir rêvé ce vin derrière le verre embué, il faut mirer son or pâle où perlent d'infimes bulles. Puis le humer: et oui, la finesse, la fraîcheur, la vivacité ont leurs parfums. Enfin y porter les lèvres. Laisser jouer sur la langue la palette des saveurs: la pomme verte, l'iode et l'once d'amertume. Joli voyage à l'occident du goût. A condition, bien sûr, de ne pas se tromper de bouteille, de ne pas confondre les vignerons et les pisse-vinaigre qui nuisent tant à la réputation du Muscadet. Même si certains flacons vieillissent étonnamment, délivrant alors des saveurs de vanille et de cannelle, il ne faut pas demander au Muscadet plus qu'il ne peut donner. Mais il faut exiger de lui tout ce que doit prodiguer ce vin fraternel, amical, qui jamais ne se hausse du col." http://www.muscadet-libeau.com/ On dit que là où le brasseur passe, le boulanger ne passe pas. Il n'en est pas de même pour le vin. La dégustation, ça creuse. Il faut savoir qu'à moins que le vin ne soit vraiment mauvais, il n'est pas dans notre éducation de gourmand de cracher en dégustant. Les quantités d'alcool absorbées sont chaque fois minimes (on ne boit pas, on déguste), mais les doses s'accumulent et il s'agit de très bien se connaître pour ne pas tomber dans l'ivresse. Manger va nous permettre d'empêcher l'alcool de prendre le dessus. Il est plus de 20h quand nous arrivons chez Baron Lefèvre, 33 rue de Rieux à Nantes. Le cadre est superbe: ancien entrepôt de maraîcher et commerce de luminaire, tout a été transformé pour aménager un restaurant au décor actuel, au service stylé et décontracté, avec cuisine ouverte, patron aux fourneaux, et une carte attirante et variée. A ne pas manquer lors d'un passage à Nantes. Nous avons trouvé notre bonheur avec une salade variée de légumes croquants et son œuf poché, suivie d'un navarin d'agneau que l'on vous sert à table dans une casserole en fonte comme au bon vieux temps. Goûteux et roboratif, tout ce qu'il nous faut. Baron Lefevre, c'est aussi une épicerie de luxe où l'on peut trouver de quoi composer de jolis colis cadeaux. A découvrir sur: http://cartesurtables.com/restaurants/restaurant_n-541.ht... Retour à l'hôtel pour un repos bien mérité après cette fabuleuse journée au pays du Muscadet. Et à demain pour de nouvelles aventures… Douuuuce Fraaaance, lalala lala lalaaa…Chapitre 1: Le château des Ducs de Bretagne
Chapitre 2: Trompe-Souris
La recherche d'un viticulteur n'est pas toujours chose aisée. Souvent l'adresse consiste en une commune et un lieu-dit. Pas facile par exemple de trouver Serge Saupin à 44450 La Chapelle-Basse-Mer au lieu-dit Le Norestier. Cherchez pas de nom de rue et encore moins de numéro, y en a pas. Nous arrivons donc à l'endroit ainsi nommé et bien sûr, nous sommes perdus. C'est alors que nous passons devant une enseigne "Brasserie de la Divatte". Aussi incroyable que ça paraisse, il s'agit d'une micro-brasserie en pleine région viticole.
C'est ainsi que nous faisons connaissance avec un jeune gars, Pascal Rouleau, qui s'est mis en tête de faire sa bière, de la vendre et en plus d'exploiter sa taverne le soir. Et dire qu'il y en a qui disent que les jeunes ne veulent plus travailler!
Légère et désaltérante, la Trompe Souris blonde (5% vol.) dégage un doux parfum houblonné et épicé.
Issue de différents malts, la Trompe Souris rousse (6% vol.) est une bière légèrement caramélisée avec une petite pointe d'amertume, et laisse en fin de bouche une douce saveur.
Stout très légère, le Trompe Souris noire (5% vol.) est une bière de caractère dû à ses malts torréfiés. Son goût rappelle les bières irlandaises. "Chapitre 3: Le Muscadet de Sèvre-&-Maine de Serge Saupin
Chapitre 4: Le Gros Plant de Jousseaume
Chapitre 5: La Divate
Chapitre 6: Les vins de François et Michel Libeau
Chapitre 7: Baron Lefèvre
00:04 Écrit par Cueillelejour dans Escapades | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : biere, vin, loire, muscadet, nantes, gros plant, trompe-souris, saupin, jousseaume, bois breton, libeau, landelle, baron lefevre, divatte, divate | Facebook |